Histoires insolites…

L’ENIGME DE LA MARY CELESTE

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Un brigantin

En 1872, sur la route qui le conduisait de New York vers Gibraltar, le capitaine d’un trois-mâts appelé le Dei Gratia rencontra un étrange navire… C’était un brigantin qui naviguait de manière plutôt incohérente comme s’il était gouverné par un équipage ayant fortement abusé d’alcool, au point d’abandonner leur bateau aux humeurs variables des courants et des éléments. Bref ! Il divaguait à la surface de l’océan et changeait de cap sans raison logique. Et pour cause ! Depuis son poste d’observation, le capitaine

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Capitaine  MOREHOUSE

Morehouse, commandant le Dei Gratia, constata que personne ne tenait la barre… Que se passait-il à bord ? Il lança un signal en direction du brigantin mais n’obtint aucune réponse. Comme le Dei Gratia se rapprochait du navire, le capitaine, son lieutenant et deux hommes d’équipage sautèrent dans une barque pour monter à bord du bateau dont ils découvrirent le nom : la Mary Celeste. Il fallait vérifier si les occupants du navire rencontraient des difficultés, s’ils étaient en bonne santé et s’ils avaient besoin de secours. Donc, le 5 décembre 1872, vers trois heures de l’après-midi, le capitaine et les hommes qui l’accompagnaient montèrent à bord et se heurtèrent à un silence inquiétant, à peine rompu par le clapotis de l’eau sur la coque. Ils fouillèrent le bâtiment de bâbord à tribord, de la proue à la poupe… Personne ! Tout aussi étonnant, la Mary Celeste et sa cargaison de tonneaux d’alcool dénaturé n’avaient subi aucune avaries importantes qui l’auraient mis en péril. Qu’était-il donc arrivé aux occupants du navire dont on retrouva les vêtements de l’équipage, bien rangés dans leurs coffres ainsi que leurs objets personnels ? Dans la cabine du capitaine, une table était dressée pour le petit déjeuner avec du porridge dans une assiette et même un œuf à la coque qu’on s’apprêtait à déguster. Près d’une autre assiette, un flacon de sirop pour soigner la toux avait été débouché et laissé tel quel… Sur une seconde table, les marins découvrirent une machine à coudre et sa fiole d’huile, une petite chemise d’enfant, un dé à coudre. Tout était parfaitement en ordre, ce qui indiquait que le bâtiment n’avait apparemment pas été chahuté par un « gros temps » ! Il semblait donc qu’un événement extraordinaire ait contraint les occupants du navire à interrompre brutalement leur repas et leurs tâches. Car, selon certaines sources, il restait même dans la cuisine de la nourriture dans des récipients qui avaient été mis probablement à cuire sur un feu désormais éteint. En visitant la cabine du second, on trouva sur sa table, une feuille de papier couverte de calculs inachevés, comme si lui aussi avait été brutalement interrompu dans son travail.
Que s’était-il passé ?
Il paraissait difficile d’en conclure que le bateau avait été arraisonné par des pirates, car  le capitaine retrouva dans le coffre-fort du navire, des bijoux en or et de l’argent. Et, la cargaison d’alcool dénaturé était complète ! Pourtant, les gens du Dei Gratia observèrent d’étranges entailles pratiquées probablement à la hache, dans les bordages. Le témoignage d’un violent combat ? L’équipage s’était-il mutiné, puis débarrassé de leur capitaine et de sa famille ? Aucune preuve formelle… Mais le plus intrigant, c’était la disparition pure et simple des passagers. Selon certaines versions de l’histoire, il semblerait qu’ils n’aient pas fui, car le canot de sauvetage pendait encore au bossoir d’embarcation. D’autres sources indiquent que ce dernier avait disparu… Quoiqu’il en soit, avaient-ils été forcés d’abandonner leur navire ou avaient-ils été recueillis par un autre pour des raisons bien mystérieuses ? Avaient-ils tous sauté dans les flots pour fuir un ennemi redoutable ou un phénomène anormal ? Sur le journal de bord, aucun événement n’avait été mentionné depuis la dernière inscription datant du 24 novembre, jour où la Mary Celeste était passée près de l’île Santa Maria au large des Açores. Cela signifiait que le bâtiment avait peut-être été abandonné peu après et dérivait donc seul depuis plusieurs jours.
Cependant, selon le rapport du Capitaine Morehouse, on ne retrouva pas les instruments de navigation du commandant de la Mary Celeste
Naturellement, on ordonna une enquête sous la direction de l’Amirauté britannique à

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Capitaine Benjamin BRIGGS

Gibraltar. C’est ainsi que l’on appris que New York était le port d’attache de ce bâtiment et qu’il avait été inscrit en 1871 au Lloyd’s Register américain. Dix personnes avaient embarqué sur la Mary Celeste : le Capitaine Benjamin Briggs, son épouse Sarah et leur fillette ainsi que sept hommes d’équipage. Mais on ne retrouva jamais leur trace en un quelconque point du monde et les enquêtes sur leur sort s’avérèrent infructueuses. On avança une foule d’hypothèses, très souvent fantaisistes : l’attaque de monstres marins, l’instabilité d’une île surgie des flots où ils auraient séjourné avant d’être engloutis avec elle, un tourbillon qui aurait aspiré tous les passagers du bateau, etc… Cependant, une explication fut publiée en 1913 dans un magazine appelé Strand, par un certain Howard Linford. Il y relatait une histoire trouvée dans les papiers de l’un de ses employés décédé, un certain Abel Fosdyk. Ce dernier affirmait qu’il avait participé au dernier voyage de la Mary Celeste en tant que passager clandestin dont il était le seul survivant. Ami intime du Capitaine Briggs, il lui avait demandé de l’embarquer avec lui car il devait fuir l’Amérique pour des raisons que l’intéressé n’indiquait pas. Or, il racontait également que durant le voyage, le Capitaine Briggs avait demandé au charpentier de construire à l’avant du navire, un petit pont pour sa fillette. Ce détail expliquait donc les entailles trouvées par le capitaine Morehouse dans les bordages : elles auraient en effet pu soutenir une construction. Mais, à la suite d’une discussion entre le capitaine et son second, ces derniers avaient entrepris de vérifier s’il était aisé de nager tout habillé autour du navire. Et, de se jeter à la mer sous les yeux de Sarah Briggs, de sa fille et de l’ensemble de l’équipage. Or, attaqué par un requin, l’un d’entre eux hurla de douleur, ce qui attira les spectateurs sur le petit pont qui s’écroula sous le poids. C’est ainsi que tous les passagers de la Mary Celeste auraient été dévorés par les requins, hormis le clandestin qui n’avait pu regagner le navire. Cramponné aux débris du petit pont, il serait ainsi parvenu jusqu’aux côtes nord-ouest de l’Afrique. On peut toutefois s’étonner qu’il ait été le seul épargné par les requins…
Bien que cette histoire présente quelque crédibilité, on trouva dans le récit du rescapé certaines inexactitudes comme le tonnage du bateau, la nationalité des hommes d’équipage dont quatre d’entre eux étaient allemands, des noms de famille mal orthographiés. Et surtout, est-il vraisemblable qu’un capitaine tente de nager autour d’un navire qui file plusieurs nœuds ? Ce récit fut donc classé dans la rubrique des canulars ! Et, faute d’éléments probants, c’est la thèse du meurtre qui fut retenue…
Le mystère de ce brigantin reste donc entier, car on ne peut se fier aux hypothèses avancées depuis plus d’un siècle, faute d’indices et de preuves indiscutables. La seule et véritable énigme qui demeure, c’est que l’histoire stupéfiante de la Mary Celeste reste l’une des plus célèbres énigmes maritimes non résolues !

 

Histoires insolites (suite) :

Quand on jugeait les animaux pour leurs crimes ! – L’Agneau de Tartarie

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