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Enquêtes très spéciales…

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Des personnages sans nom : deuxième partie

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Article de Rachel FYL

Afin de poursuivre notre enquête très spéciale, abordons la lecture du second chapitre de l’Exode. Exode chapitres 1 et 2
Vous avez lu ? Alors, vous pouvez constater qu’il relate une histoire qui peut assurément servir de base à l’écriture d’un scénario. Résumons : un couple conçoit un enfant mâle que la mère cache durant trois lunes afin de le soustraire à l’extermination décrétée par le pharaon sans nom. Ne pouvant plus le dérober à la vue des sbires du roi, elle fait un choix remarquable. Inspirée par son courageux amour maternel, elle confie l’enfant aux eaux du fleuve. Celui-là même qui aurait dû l’anéantir, conformément aux noirs desseins du pharaon. Mais, grâce aux propriétés des eaux, la boîte en roseaux flotte à la surface du fleuve qui sait également être bienveillant …
Bien. Ce nourrisson a une sœur, probablement son aînée, qui s’inquiète avec amour de son avenir. Tout en se tenant éloignée, elle surveille sa migration vers un destin inconnu. Elle n’hésite pas à aborder la fille de pharaon, descendue ce jour là de son palais pour se laver dans le fleuve. Elle a vu la caisse en roseaux qui flottait et elle a entendu l’enfant pleurer. Elle s’en émeut et en déduit qu’il s’agit d’un petit hébreu que sa mère a confié au fleuve. Rassurée par le témoignage compatissant de la fille de pharaon, la sœur lui propose une nourrice parmi les femmes du peuple de l’enfant. La princesse accepte et la fillette ou la jeune fille hébreu court chercher la mère biologique pour l’allaiter, moyennant un salaire.
Et, le récit saute des étapes ! On le regrette. Car on aurait bien aimé trouver quelques lignes relatant la relation établie entre l’enfant et sa mère biologique. Décidément, la narration est assez pauvre en subtilités romanesques. Tant pis ! Donc, le temps a passé et à l’âge du sevrage, l’enfant va vers la fille de pharaon. Là, on est un peu déconcerté…  Quoi ? Elle n’a pas pris soin de lui durant tout ce temps ? Les scénaristes suggèrent une justification : à la cour de pharaon les princesses sont séparées de leurs nourrissons. Question de protocole…
Possible ! Enfin, elle le reconnaît comme un fils et l’adopte en le nommant : Moïse. Ce qui signifie qu’il n’avait pas de nom jusqu’à présent. Puis, elle explique les raisons qui justifient le nom donné à cet enfant : « parce que d’entre les eaux, je l’ai sauvé. » Un peu surpris, le lecteur non hébraïsant fronce les sourcils et s’interroge sur la relation existant entre ce nom et les arguments de la princesse. S’il est un peu curieux, il ira chercher la réponse en consultant Wikipédia avant d’en apprendre davantage au fil des articles de notre rubrique !
Soyons sérieux. Pourquoi le récit ne fait aucune allusion au sort de la nourrice, véritable mère de l’enfant, ni à celui de sa sœur « aînée » ?
C’est donc le moment de faire le point. Avant de poursuivre la lecture du chapitre, examinons les singularités de cette partie de la narration :

 

  • Tout d’abord, nous noterons que les parents de l’enfant n’ont pas d’identité propre. On nous dit simplement que le père appartient à la maison de Levi et que la mère est une fille de Levi. Est-ce que cela signifie qu’ils sont parents proches ? Bizarre…
  • La mère dépose une boîte ou une caisse en roseaux  sur les eaux d’un fleuve sans nom
  • Une sœur sans nom surveille la dérive de la caisse au fil de l’eau.
  • La fille sans nom d’un pharaon sans nom le découvre et on suppose qu’elle a l’intention de l’adopter. Sinon, prendrait-elle soin de faire allaiter l’enfant par une nourrice ? Toutefois, elle ne semble pas impliquée dans son éducation jusqu’à ce qu’il soit sevré.
  • Ce n’est qu’à la fin de la période d’allaitement que la fille sans nom du pharaon sans nom adopte l’enfant. Elle lui donne alors un nom qui semble correspondre à sa situation d’enfant sauvé par trois femmes courageuses. Car, on ignore si le pharaon a connaissance du choix audacieux de sa fille qui s’est clairement opposée aux décrets de son père !
  • De ce fait, est-ce pour autant que l’enfant est devenu un prince d’Egypte ? Car, le récit ne le précise pas de façon formelle ! Il est simplement écrit qu’après l’adoption, il a été dans les jours à eux. Voici une indication assez énigmatique : de quels «jours» parle-t-on ? Certes, on peut admettre qu’il partage désormais le quotidien de la cour, ses mœurs et les coutumes du pays… Par conséquent, il est désormais complètement retranché de ce qui fait la spécificité du quotidien de son peuple d’origine. C’est-à-dire leurs propres habitudes et leurs propres usages, leurs propres «jours».
Bien ! Il nous faut digérer tout ça. Car, à nouveau, nous sommes confrontés à des singularités qui bousculent le bon sens commun. Devons-nous persister à confiner les récits du Livre entre les limites d’évènements historiques, maladroitement rapportés par des scribes aux compétences littéraires restreintes ?
Examinons ce que nous dit le Zohar III (Livre de la Splendeur), 152a :
«Viens et vois ! Il y a un vêtement visible par tous, et les insensés, dès qu’ils ont vu quelqu’un qui leur semble avoir belle allure, ne regardent pas plus loin. En effet, ils confondent l’habit avec le corps et donnent autant d’importance à ce dernier qu’à l’âme. De même la Torah (Enseignements) possède un corps et les mots de cette Torah s’appellent « corps de la Torah ». Ce corps est revêtu d’un habit que sont les simples histoires ; les insensés de par le monde ne regardent que ce vêtement, que sont les histoires…»

 

Alors, si ces récits ne doivent pas être regardés comme des chroniques du temps passé ou de simples histoires, quelle est leur finalité et comment les lire ?
Si des éclaircissements vous tentent, nous vous donnons rendez-vous autour d’un nouvel article.
A bientôt !

zoharLe Sefer HaZoHaR : C’est  l’un des ouvrages fondamentaux des enseignements ésotériques de la Torah (Pentateuque). Il rassemble des commentaires rédigés sous forme d’allégories à l’usage des chercheurs ayant développé des facultés de conscience élevées.

Prochain article : Des personnages sans nom, troisième partie.

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