En cette période où l’horreur succède à l’horreur, l’arme des gens de bonne volonté, c’est la culture, la connaissance, le respect d’autrui. Il est urgent de répéter que l’Intelligence du cœur reste le socle inébranlable de la liberté, de l’égalité et de la fraternité…

Des personnages sans nom : troisième partie
Pour être juste, il faudrait changer le titre de ce quatrième article ! Car, la seconde partie de l’ Exode chapitres 1 et 2 se distingue de la première, dans le sens où les protagonistes sont ici nommés :
- Reouel, le prêtre de la terre de Midian
- Tsiporah, sa fille et l’épouse de Moïse
- Geshom, leur fils premier-né dont le nom a été choisi comme pour témoigner du statut passé de son père.
Or, ces personnages apparaissent après les évènements dramatiques qui ont bouleversé l’avenir de Moïse. En effet, s’étant rendu coupable du meurtre d’un égyptien, il est poursuivi par pharaon ce qui l’amène à s’enfuir en quittant le pays qui l’a vu naître. A l’origine de ce drame, un autre drame qui s’est déroulé sous les yeux du jeune Moïse : l’agression d’un égyptien entraînant la blessure d’un « homme hébreu ». Ainsi, à l’occasion de sa première sortie hors de l’entourage protecteur organisé par les trois femmes qui l’ont sauvé, le jeune homme est confronté à la brutalité du monde extérieur. Pour Moïse, les mœurs violentes de la société sont une découverte révoltante : témoin de l’oppression que subissent ses frères, il prend conscience de leurs souffrances et se pose en sauveur. Hélas ! Il est à son tour gagné par la violence ambiante et il choisit une solution inspirée par la colère et l’indignation. Il est d’ailleurs conscient de l’abomination dont il va se rendre coupable, puisqu’il prend soin de vérifier que personne ne l’observe avant de commettre son crime. Puis, il cache le corps de sa victime, comme si cette précaution allait dissimuler son délit.
Et pourtant, que révèle cet acte meurtrier ? Assurément, Moïse porte en lui des potentialités de libérateur, c’est-à-dire d’émancipateur puisqu’il est sensible à l’oppression des plus faibles. C’est donc la première fois qu’il fait l’expérience de ce sentiment, mais il se trompe de chemin puisqu’il agit sous la domination de la colère. Comment un être assujetti à ses émotions peut-il prétendre libérer ceux qui sont assujettis par un tyran ? C’est le lendemain de son meurtre qu’il va être confronté à cette question. En effet, il est à nouveau témoin d’une querelle : un hébreu frappe un autre hébreu. Voici une nouvelle situation très dérangeante : ce sont deux individus de même origine qui se battent ! Le jeune Moïse constate que, point n’est besoin d’être issus de nations différentes pour se haïr et se brutaliser ! Il prend alors conscience de la perversion qui habite le cœur des occupants de ce territoire. Oubliant qu’il est lui-même contaminé par ce monde, il se fait «jeter» par le donneur de coups qui lui reproche de le juger alors qu’il devrait se juger lui-même. Et, si Moïse s’alarme, c’est qu’il prend conscience qu’en se fixant dans ce monde, il périra assurément.
Alors, il s’enfuit. Une question s’impose : est-ce uniquement pour se soustraire à la peine de mort décrétée par pharaon, ou bien est-ce également pour échapper à ses démons ? Car, s’il restait confiné entre les limites d’un territoire dominé par l’injustice et la violence, s’il adhérait à ce système, il tuerait sa véritable identité. Celle qui a été «sauvé » par l’amour de trois femmes et qu’il doit désormais lui-même sauver par amour pour la vie, pour la justice et pour la liberté. Il arrive alors en terre de Midian où il est à nouveau confronté à des comportements hostiles.
Assis près d’un point d’eau, il voit des bergers qui chassent des jeunes filles venues puiser de l’eau pour faire boire les troupeaux de leur père. Dans ce contexte, le récit nous dit : «et se leva Moïse et il les sauva…» Il n’est donc pas dit qu’il les chassa, qu’il leur fit peur avec un bâton, qu’il les menaça… Non : il se lève et c’est tout. Il semblerait donc que le récit nous enseigne comment en se mettant plus haut que les bergers agressifs, Moïse sauva les jeunes filles. Or, l’action de «se lever», c’est se mouvoir de bas en haut mais c’est aussi diriger ou orienter quelque chose vers le haut. Par exemple, la pensée… En termes modernes, on peut envisager que Moïse choisit d’élever le débat pour résoudre intelligemment la querelle autour du point d’eau ! Mais, ce qui paraît très significatif, c’est qu’après avoir pataugé dans la fange de la violence, Moïse se redresse et adopte l’attitude de l’Homme libre, c’est-à-dire l’attitude de l’Homme debout, celui qui n’est plus l’esclave de ses émotions.
Et voilà comment le héros célébré par Cecil B. DeMille devient le symbole de l’Intelligence du Cœur !
Et pourtant, que révèle cet acte meurtrier ? Assurément, Moïse porte en lui des potentialités de libérateur, c’est-à-dire d’émancipateur puisqu’il est sensible à l’oppression des plus faibles. C’est donc la première fois qu’il fait l’expérience de ce sentiment, mais il se trompe de chemin puisqu’il agit sous la domination de la colère. Comment un être assujetti à ses émotions peut-il prétendre libérer ceux qui sont assujettis par un tyran ? C’est le lendemain de son meurtre qu’il va être confronté à cette question. En effet, il est à nouveau témoin d’une querelle : un hébreu frappe un autre hébreu. Voici une nouvelle situation très dérangeante : ce sont deux individus de même origine qui se battent ! Le jeune Moïse constate que, point n’est besoin d’être issus de nations différentes pour se haïr et se brutaliser ! Il prend alors conscience de la perversion qui habite le cœur des occupants de ce territoire. Oubliant qu’il est lui-même contaminé par ce monde, il se fait «jeter» par le donneur de coups qui lui reproche de le juger alors qu’il devrait se juger lui-même. Et, si Moïse s’alarme, c’est qu’il prend conscience qu’en se fixant dans ce monde, il périra assurément.
Alors, il s’enfuit. Une question s’impose : est-ce uniquement pour se soustraire à la peine de mort décrétée par pharaon, ou bien est-ce également pour échapper à ses démons ? Car, s’il restait confiné entre les limites d’un territoire dominé par l’injustice et la violence, s’il adhérait à ce système, il tuerait sa véritable identité. Celle qui a été «sauvé » par l’amour de trois femmes et qu’il doit désormais lui-même sauver par amour pour la vie, pour la justice et pour la liberté. Il arrive alors en terre de Midian où il est à nouveau confronté à des comportements hostiles.
Assis près d’un point d’eau, il voit des bergers qui chassent des jeunes filles venues puiser de l’eau pour faire boire les troupeaux de leur père. Dans ce contexte, le récit nous dit : «et se leva Moïse et il les sauva…» Il n’est donc pas dit qu’il les chassa, qu’il leur fit peur avec un bâton, qu’il les menaça… Non : il se lève et c’est tout. Il semblerait donc que le récit nous enseigne comment en se mettant plus haut que les bergers agressifs, Moïse sauva les jeunes filles. Or, l’action de «se lever», c’est se mouvoir de bas en haut mais c’est aussi diriger ou orienter quelque chose vers le haut. Par exemple, la pensée… En termes modernes, on peut envisager que Moïse choisit d’élever le débat pour résoudre intelligemment la querelle autour du point d’eau ! Mais, ce qui paraît très significatif, c’est qu’après avoir pataugé dans la fange de la violence, Moïse se redresse et adopte l’attitude de l’Homme libre, c’est-à-dire l’attitude de l’Homme debout, celui qui n’est plus l’esclave de ses émotions.
Et voilà comment le héros célébré par Cecil B. DeMille devient le symbole de l’Intelligence du Cœur !
Prochain article : Etranger en une terre étrangère.
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